LA DÉCISION DE LA FCIQ FAIT PERDRE UNE VALEUR AJOUTÉE AUX COURTIERS IMMOBILIERS
Quatre mots me sont venus à l’esprit en lisant la récente missive de la Fédération des Chambres immobilières du Québec (FCIQ), transmise la semaine dernière : INSULTANT – DÉSOLANT – CHOQUANT - INQUIÉTANT.
INSULTANT
Sous le titre flagorneur « La FCIQ : proactive dans ses démarches auprès des décideurs » nous apprenions que nos dirigeants avaient pris « les devants » pour aller à la « rencontre des représentants politiques des différents partis afin de défendre vos intérêts. »
De quels intérêts s’agit-il? Nul le sait puisque les dirigeants de la FCIQ nous annoncent qu’ils ont pris position en faveur du transfert de l’encadrement du courtage hypothécaire à l’AMF sans nous fournir le fruit de leurs réflexions. Qu’est-ce qui motive cette prise de position avant même la tenue des consultations publiques du gouvernement ? Là encore, nous sommes dans le néant.
Mieux encore, on a le toupet de nous présenter cette prise de position comme étant une action favorable à la défense de nos intérêts… et ce, sans nous avoir consulté !
À une époque où nos élus clament sur tous les toits, l’importance de la transparence et de la saine gouvernance, il y a de quoi être insulté et brimé dans nos droits les plus fondamentaux.
DÉSOLANT
Ce message de la Fédération des Chambres immobilières du Québec (FCIQ) nous fait également prendre conscience que les administrateurs de nos organisations semblent trôner dans leur tour d’ivoire, bien loin du plancher des vaches. En effet, il faut nécessairement méconnaître la réalité du marché du courtage immobilier et hypothécaire, pour ne pas avoir tenu compte de la tendance actuelle de nombreux courtiers à ajouter des compétences dont celles du courtage hypothécaire, en mettant à profit notamment, leur permis « plein exercice ».
Selon un sondage maison, 70 % des courtiers interrogés affirment que l’ajout de compétences s’avère une valeur ajoutée. Dans le contexte où l’on affirme que :
- L’immobilier est un tout (un point central de contact en lien avec une panoplie de disciplines)
- Les courtiers doivent assumer un rôle conseil en maîtrisant un plus grand ensemble de données et être plus compétents que le client
- La transaction immobilière est la plus importante de toutes les transactions effectuées par les individus ou les familles…
comment une instance comme la FCIQ peut-elle d’emblée, ignorer la valeur ajoutée de cette compétence au bagage du courtier immobilier ?
En outre, comment cette organisation dédiée à la défense des droits des courtiers immobiliers et hypothécaires peut-elle légitimer restreindre les droits acquis de ses membres en reniant celui d’exercer le courtage hypothécaire sous la même réglementation ?
En quoi dévaluer le permis « plein exercice » peut-il protéger les droits des courtiers ? Pire encore, comment peut-on inviter les courtiers à augmenter leurs compétences pour les restreindre par la suite ?
CHOQUANT
C’est d’autant plus choquant comme situation qu’il n’y a pas si longtemps, ce sont ces mêmes instances (notamment nos Chambres immobilières) qui nous conviaient à un Sommet de l’immobilier pour inciter tous les membres à accroître leurs compétences en tant que praticien du courtage immobilier et hypothécaire. Sur la même lancée, ces mêmes instances nous ont encouragé à développer de nouveaux modèles d’affaires et à faire preuve de vision.
Alors que de plus en plus de firmes de courtage immobilier comptent sur des courtiers immobiliers qui mettent à profit leur permis de courtage « plein exercice » en ajoutant les compétences du courtage hypothécaire (et vice versa pour le courtier hypothécaire), la FCIQ veut restreindre ledit permis. Est-ce cela que l’on appelle naviguer à courte vue ?
Chose certaine, il est difficile de ne pas s’interroger sur l’absence apparente de connexion avec la réalité des praticiens sur le terrain. Il est tout aussi facile de se questionner sur la nature de la vision du courtage immobilier dans les prochaines années, de ces mêmes instances.
INQUIÉTANT
L’impression du « déjà vu » dans les façons de faire de nos instances nous incitent à exercer une extrême vigilance. De plus, n’ayant obtenu aucune information pouvant expliquer le raisonnement ou le fondement de la démarche de la FCIQ, il s’avère pertinent de poser un certain nombre de questions pour obtenir des précisions.
- Quels sont les avantages qu’obtiendront les courtiers avec ce transfert de juridiction vers l’AMF ?
- Qu’est-ce qui légitime une telle prise de position de la part de la FCIQ ?
- Pourquoi la FCIQ a-t-elle décidé de prendre position avant même les consultations publiques du gouvernement ?
- Compte tenu de l’enjeu, pourquoi la FCIQ n’a -t-elle pas jugé bon de consulter les membres des Chambres immobilières sur ce dossier important avant de prendre position ?
- Devons-nous entrevoir l’existence d’un agenda caché et/ou d’un jeu de coulisses pour expliquer cet empressement alors que l’OACIQ a déposé un mémoire favorisant le maintien du courtage hypothécaire sous la juridiction de la Loi sur le courtage immobilier ?
- En amputant les droits acquis du permis « plein exercice », comment la FCIQ peut-elle affirmer défendre les intérêts des courtiers ?
- En affirmant dès maintenant qu’elle est d’accord avec ce transfert de juridiction vers l’AMF, la FCIQ a-t-elle obtenu des garanties pour protéger les droits des courtiers ?
- Est-il possible que les courtiers ayant la double compétence doivent choisir entre le courtage immobilier ou le courtage hypothécaire ? Si tel est le cas, prévoit-on dédommager les courtiers ?
- Les courtiers exerçant les deux professions devront-ils désormais payer deux cotisations, l’une à l’OACIQ et l’autre à l’AMF ?
- Si le transfert se concrétisait à l’AMF est-il possible de croire à l’impossibilité pour les courtiers plein exercice de pratiquer le courtage immobilier ?
- Qui profitera véritablement des retombées de cette décision militant en faveur d’un transfert ?
Bref, l’annonce de la FCIQ semble être un autre pavé dans la mare provoquant une onde de choc dans la profession, à l’aube de vacances estivales bien méritées pour les membres des Chambres immobilières du Québec.
Avec tous les beaux discours sur la transparence dans les prises de décision, nous sommes en droit de réclamer des explications claires de nos administrateurs. Il serait impardonnable de laisser les membres dans l’incertitude et l’incompréhension plus longtemps.
N’hésitez pas à commenter cette nouvelle d’importance pour toute l’industrie du courtage immobilier et hypothécaire.
PS : Comme plusieurs autres agences immobilières et hypothécaires proposant les services de courtage immobilier et hypothécaire sous un même toit, mon agence Pro Immobilier & Hypothèque Inc. pourrait subir directement les conséquences d’un éventuel transfert du courtage hypothécaire à l’AMF.